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Opinion – Y a-t-il un politicien dans le gouvernement?

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Monsieur Moncef Marzouki, nommé par la troïka à la tête de l’état tunisien, président sans aucune prérogative, à part celle d’assener des déclarations qui mettent la Tunisie dans l’embarras et frôlent la crise diplomatique avec divers pays. En moins de cinq mois, nous avons plus d’ennemis que de sympathisants qu’en cinquante ans de gouvernance dictatoriale. La dernière et non des moindres, nonobstant l’épisode des microbes : « M. Marzouki a demandé que soit accordée l’immunité au président Al-Assad et sa famille et évoqué un éventuel refuge en Russie pour le dirigeant syrien ». Et du haut de ses fonctions diplomatiques et vue la position de la Tunisie dans l’échiquier géostratégique, le ministre des Affaires Étrangères Rafik Abdessalem renchérit:  » La Tunisie, va transmettre un message fort et clair » au président Bachar al-Assad pour « arrêter les crimes en Syrie » allant jusqu’à diviser le peuple tunisien dans sa manière d’interpréter et de lire les événements qui se déroulent en Syrie.

Serait-ce la folie des grandeurs, la mégalomanie de notre gouvernement auto-nommé qui lui dicte sa conduite irresponsable ? Ou simplement un amateurisme politicien flagrant ?En tant que pays avant-gardiste dans le monde musulman et ouvert sur l’Autre et à travers nos différents gouvernements, on a toujours œuvré pour la paix, endossant une neutralité qui nous a valu le respect des grandes et petites puissances, conscients de notre dimension réelle dans la géopolitique mondiale.

Le chef du gouvernement Hamadi Jebali, lui, n’a eu aucune hésitation à insulter le peuple tunisien, notamment en invitant l’Émir du Qatar pour nous donner des leçons en démocratie, et en se déplaçant en Arabie Saoudite, affirmant qu’il n’est pas question de demander l’extradition de Ben Ali, et que les accords commerciaux priment sur tout, même sur notre honneur bafoué par les sans-démocraties.

Une délégation composée des membres de partis républicain et démocrate, sous l’égide du sénateur américain John McCain, brebis galeuse, colombe parmi les faucons du parti de l’Éléphant, surnommé le GOP(Grand Old Party), a suscité l’indignation de beaucoup de Tunisiens. Ceci est compréhensible; surtout avec l’amalgame fait entre le soutien inconditionnel de ces membres du sénat à l’état sioniste d’Israël, et la bannière de l’identité musulmane, que brandissent Messieurs Jbali et Gannouchi en s’érigeant en futurs sauveurs de la Palestine, traduite par l’accueil réservé à Monsieur Ismaël Haniyeh avec le slogan  » Mort aux juifs ».

Politiquement parlant et au delà des idéaux et des causes justes que doit défendre un pays, une nation, quel est véritablement le programme politique de Monsieur Jbali? Quelle feuille de route a -t-il établie pour désigner les futures grandes lignes de la politique tunisienne? Quelle est la stratégie ou le plan d’action à adopter face à ce que traverse le pays en termes de crises diverses et variées sans qu’aucune solution claire ne se dégage de ce tohu-bohu que nous vivons sans cesse depuis la révolution? Il apprend la politique à notre détriment, voilà ce qu’on peut conclure de ces tergiversations et louvoiements entre les différents courants islamistes ou démocratiques, c’est selon sa vision des choses.

Ali Larayedh, Ministre de l’Intérieur, est dans l’incapacité la plus totale de faire face aux revendications socioéconomiques qui se traduisent le plus souvent par des actes de violence et une incroyable paralysie de l’administration. Les opérations du courant salafiste connaissent un essor sans précédent dans notre pays. Quand ils n’occupent pas des universités, ils essayent d’instaurer un émirat islamique, sans qu’ils ne soient inquiétés le moins du monde.

Le trafic d’armes est l’un des secteurs les plus florissants sur nos frontières avec la Libye. D’après Monsieur Ali Larayedh « ces extrémistes seraient en liaison avec des organisations basées en Libye », sous-entendant par là qu’aucune organisation de ce genre n’existe en Tunisie.

Constatation, ô combien judicieuse monsieur le ministre de l’Intérieur: Ce sont les médias qui sont responsables de la périclitation du tourisme en Tunisie. Les médias qui rapportent les faits, tels qu’ils se déroulent, ne devraient pas être l’écho de la réalité du vécu tunisien, mais brosser un tableau flatteur, en occultant tout ce qui nous désavantage, tout comme du temps de Ben Ali.

Excellente solution d’un ministre pour faire sortir la Tunisie un tant soit peu, de son marasme économique.

Que ce soit Monsieur Jbali ou Monsieur Larayedh, d’après leurs déclarations et ils sont unanimes, ils accusent tous deux les médias, la gauche, les milices de Ben Ali et des hommes d’affaires de Sousse d’empêcher la bonne marche d’un gouvernement illusoire et provisoire. Ils sont incapables de tracer les nouveaux traits d’une toute jeune démocratie post-révolutionnaire, tombée dans leurs escarcelles par la plus grande usurpation des voix, les voix de ceux qui ont fait confiance au CPR et au FDTL.

 

Najoua Jo