Home National Politique Hamadi Jebali accuse et menace : est-ce un signe de panique ?

Hamadi Jebali accuse et menace : est-ce un signe de panique ?

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Le premier ministre du gouvernement provisoire, M.Hamadi Jebali, souffle le chaud et le froid sur les événements qui traversent le pays ces derniers temps. Empêtré dans ses difficultés à gérer la situation sociopolitique actuelle avec en sus les inondations, le chef du gouvernement provisoire a fait hier sur les ondes de Radio Mosaïque une déclaration qui ne peut pas passer inaperçue.

Deux questions ont retenu notre attention, la première a concerné certaines parties qui ont manifesté contre le gouvernement demandant son départ. Après avoir esquivé l’interrogation sur les responsables de ces actions, le premier ministre a finalement accusé « les milices de l’ancien parti au pouvoir et des hommes d’affaires de la région de Sousse et d’ailleurs » qui auraient amené des « mercenaires » par bus entiers pour contester l’action et la légitimité du gouvernement provisoire.

Autrement dit, il estime que la manifestation de l’UGTT du samedi ne serait que le fait de citoyens manipulés et non de syndicalistes venus défendre les droits syndicaux et leur organisation. Or, la stratégie du gouvernement provisoire vise, à plus ou moins brève échéance, la mise au pas de l’UGTT pour stopper non seulement toute action revendicative, mais toute participation de la Centrale Syndicale à l’édification de la Tunisie de demain, une centrale qui a toujours été du côté des forces démocratiques et progressistes y compris dans les périodes les plus sombres de notre pays.

Il a aussi accusé le gouvernement de transition de M.Beji Caid Essebsi d’avoir pris des mesures de nature à mettre en difficulté le gouvernement qui lui succède.

La deuxième question se rapporte à l’attitude du gouvernement provisoire à l’égard de ceux que le premier ministre appelle les courants ou ceux qui essaient de lui mettre des bâtons dans les roues. À ceux-là, il a clairement répondu que « le peuple tunisien saura faire la part des choses », mais il a aussi adopté un ton menaçant en promettant à ceux qui gouverneront demain qu’il y a « des forces ayant une plus grande capacité de blocage » ou encore capable de plus de « nuisance ».

Ce message est d’autant plus grave dans le contexte actuel où il faut appeler tout le monde à une certaine retenue, et où le gouvernement provisoire doit jouer le jeu d’une manière franche et réellement démocratique. Car, les indices et la tentation de contrôler les médias, la manifestation du vendredi dernier devant le siège de la télévision le démontre où le procès fait au patron d’Attounissia ou encore les agressions dont sont victimes les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, ou de faire taire, et même d’accuser de trahison, ceux qui présentent aujourd’hui une quelconque revendication, ne sont guères rassurants. On dirait même qu’ils sont inquiétants pour la liberté que le peuple tunisien et la société civile viennent de conquérir chèrement !

Lotfi Larguet