Home National Politique Tunisie/ Remaniement : Soutien politique et durabilité seront nécessaires !

Tunisie/ Remaniement : Soutien politique et durabilité seront nécessaires !

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Emporté par une affaire de transactions financières d’une société dont il est le représentant légal, Fadhel Abdelkefi quitte le gouvernement, tout en étant investi d’une mission temporaire d’expédition des affaires courantes. Sa démission devra précipiter l’annonce du remaniement ministériel ; un sujet qui nourrit les spéculations sur une scène politique fébrile…

Youssef Chahed devra remanier son gouvernement illico presto. L’équipe actuelle qui a fonctionné pendant de longs mois avec deux ministres cumulant deux portefeuilles, l’un pleinement et l’autre à titre intérimaire, est davantage fragilisée avec la démission d’un ministre qui occupait deux postes (Investissement, développement, & coopération internationale et Finances) clefs et décisifs  pour la relance économique escomptée. Aussi, l’intérim à la tête du département de l’Education, assuré par le ministre de l’Enseignement supérieur, est devenu intenable, à moins d’un mois de la rentrée scolaire ; le 15 septembre prochain. Sans compter le rendement jugé insuffisant, voire faible de certains ministres devant être invités à céder leur fauteuil à d’autres plus à même de s’acquitter de la mission.

Dans l’attente de l’avènement de la nouvelle équipe, partis et organisations commencent à exprimer suggestions et injonctions. La principale revendication, et elle est loin d’être nouvelle, est que le gouvernement remanié soit constitué de compétences, et non selon le principe de quotas partisans. Les partis de la coalition, eux, chercheraient à consolider leur présence au sein de la nouvelle équipe.

Youssef Chahed devra tenir compte de toutes ces considérations, ainsi que des résultats de l’évaluation lancée pour ce faire, en matière de choix des nouveaux titulaires de maroquins. Son équipe doit apporter satisfaction sur le double-plan intérieur et extérieur, dans cette conjoncture périlleuse, et dans la perspective d’une année 2018 difficile, où les pressions seront plus grandes sur les finances publiques et les équilibres budgétaires de l’Etat.

Le gouvernement sera amené à retrouver de nouvelles ressources pour préparer le budget de 2018 et assurer le financement de l’économie, amorcer le développement tant attendu notamment dans les régions défavorisées, lutter contre un chômage croissant particulièrement des diplômés, renforcer son action de lutte contre la corruption, maîtriser des indicateurs qui explosent (masse salariale, endettement…) relancer la cadence des réformes exigées par les institutions financières internationales, etc.

Hormis les résultats de la campagne anti-corruption dont les effets ont été positivement ressentis dans l’opinion publique, le bilan du gouvernement d’union nationale reste mitigé et les premiers signes du redressement tardent  à apparaître. Cela est dû à cette ambiance de campagne électorale permanente qui caractérise le climat politique, et qui freine l’action du gouvernement. A l’instar de son prédécesseur, Youssef Chahed n’a pas pu toujours compter sur le soutien des partis, même de ceux qui forment sa coalition. Son pari avec le prochain gouvernement, est d’avoir cette couverture politique garante de la stabilité de son gouvernement et de sa durabilité jusqu’à 2019. Le fait qu’il ait ébruité son intention de ne pas se porter candidat à la prochaine présidentielle, pourra, peut-être, jouer en sa faveur pour qu’on laisse son cabinet  travailler et avancer sur les dossiers épineux posés dans le pays.