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100 jours après, Jomaa fait le bilan mais ne convainc pas pour autant !

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«Les élections… la sécurité… le politique… l’économico-social»… Mehdi Jomaa a d’abord rappelé les priorités de son gouvernement à l’entame du point de presse qu’il a tenu aujourd’hui à Dar Dhiafa à Carthage, 100 jours après son investiture.

Jomaa

C’est le dossier sécuritaire qui semble préoccuper davantage l’ex-ministre de l’Industrie en le plaçant au préambule de son discours. Sur ce dossier, le chef du gouvernement a tenu tout d’abord à rendre hommage aux militaires, agents de l’ordre, agents de douane et Garde nationale mais aussi aux martyrs et blessés de la lutte contre le terrorisme qui ont permis à la Tunisie de réussir un «bond qualitatif» dans son combat contre le Terrorisme ; en «passant de la réaction à l’action». Et à ce propos, un «pôle spécialisé pour le combat du terrorisme» verra le jour avant la fin de l’année en cours. Et d’ajouter : «pas de place au terrorisme en Tunisie».

«La situation sécuritaire instable 
en Libye est préoccupante»

Mehdi Jomaa a également mis l’accent sur la coordination tuniso-algérienne et les efforts consentis par le pays voisin dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Rappelant au passage que cette lutte est l’affaire de tous et appelant les familles à préserver davantage leurs enfants contre cette culture de la mort et le cyber-terrorisme qui ne cesse de se propager notamment via internet.

Mais la situation sécuritaire instable en Libye est «préoccupante», selon le Premier ministre et un plan de lutte contre la contrebande sera mis en œuvre. Concernant les otages Ahmed Ben Cheikh et Laâroussi Gontassi, Jomaa n’a pas voulu entrer dans les détails des négociations avec des «parties officielles et non officielles» via une cellule de crise.

Volet politique, la neutralité des mosquées est, selon le Premier ministre, l’affaire de quatre ministères qui ont fait des progrès dans ce point crucial de la feuille de route. Les mosquées en otage des extrémistes religieux voient leur nombre décroître, selon le chef du gouvernement mais c’est «un travail de longue haleine», a-t-il rappelé.

LPR et nominations

Quant aux Ligues de Protection de la Révolution, la loi et la justice trancheront, selon le Premier ministre. Et d’ajouter : «comme pouvoir exécutif, nous ne pouvons pas trancher sur des dossiers revenant au pouvoir judiciaire».

A propos des nominations, Jomaa a rappelé les critères de «compétence et de neutralité» sur lesquels doit se baser toute nomination. Et que 900 dossiers ont été examinés à ce sujet «loin de toute forme de vengeance ou d’exclusion et prenant la même distance vis-à-vis de tous, à travers ce qu’il appelle de «‘‘transition administrative’’».

L’économique a eu la part du lion au cours de cette conférence de presse. «La situation est très difficile, rappelle le Premier ministre». Et d’ajouter «le déséquilibre dans la balance économique et l’augmentation de la subvention de l’Etat notamment en matière d’Energie poussent aujourd’hui l’Etat tunisien à trouver quelques 3,5 milliards de dinars chaque mois pour répondre à ses différents engagements».

Revoir à la baisse la subvention de l’Etat 
et la Caisse de compensation

Le chef du gouvernent pense également «qu’il ne s’agit pas de trouver uniquement des solutions pour 2014 mais aussi pour les années à venir et notamment l’an 2017 quand l’Etat débutera le remboursement des emprunts effectués au cours de ces trois dernières années…

Le Dialogue économique sera, selon lui, une occasion de «s’ouvrir sur toutes les compétences du pays afin de prendre les meilleures initiatives en vue de lancer les projets, corriger, réformer…». Et d’ajouter, «il faut impérativement passer d’une «économie de consommation à une économie d’investissement…

Il faut revoir à la baisse la subvention de l’Etat et la Caisse de compensation afin d’atténuer un tant soit peu ce déséquilibre dans la balance commerciale. Nous devons réduire cette disproportion de 1,5% en 2014 et la rationalisation dans les dépenses publiques, la réduction des salaires des ministres et des secrétaires d’Etat… rentrent dans cette optique».
Selon lui l’investissement étranger doit être favorisé et les lois obsolètes doivent changer afin d’aider les capitaux étrangers à reprendre confiance en notre pays.

Le Tourisme, «cash-machine»

Le secteur du tourisme a été également l’un des points sur lequel s’est attardé le chef du gouvernement, le qualifiant de «cash-machine». Et pour réussir la saison touristique, Mehdi Jomaa a salué la campagne publicitaire entamée au sein du ministère du Tourisme sans pour autant omettre de mettre l’accent sur les «difficultés structurelles du secteur».

Jomaa a également mis le point sur l’importance de la réforme fiscale, bancaire et des institutions publiques (citant au passage l’exemple de la compagnie aérienne Tunisair) afin de réussir «ensemble» à doter l’économie tunisienne de supports solides tout en mettant l’accent sur l’importance d’arrêter l’hémorragie du commerce parallèle qui représente 50% de l’économie tunisienne».

400 nouveaux projets ressuscités

L’Emploi des jeunes diplômés n’a pas échappé au discours du Chef du gouvernement rappelant que l’Etat ne peut plus accepter de nouveaux recrutements dans la fonction publique. Au contraire, il faut pousser l’initiative privée et aider les petites entreprises. Dans cet ordre d’idées, 400 nouveaux projets ont été ressuscités dont les projets des autoroutes Medenine-Ras Jédir et Sfax-Gabès»…

Bref, un discours des plus longs et des plus lourds que celui prononcé par le chef du gouvernement sans pour autant répondre à de nombreuses interrogations et attentes. On a compris que 100 jours restent insuffisants pour jauger ce gouvernement qui risque tout de même de laisser des plumes en cherchant à cerner tous les dossiers en un laps de temps très court.

Enfin, sur une question adressée par l’un des rédacteurs en chef présents à la conférence au chef du gouvernement sur ce qui se dit sur l’intention de certains partis politiques de reconduire son gouvernement après les prochaines élections, Jomaa a été précis sur ce point : «On est là pour une mission bien définie par la feuille de route et qui prendra fin lors des prochaines élections»…